Il y a un an exactement, le Hamas lançait une attaque brutale dans le sud d’Israël, déclenchant un conflit qui n’a cessé d’empirer et de s’étendre dans la région.

Un grand nombre d’atrocités ont été commises durant cette attaque, en violation flagrante des principes les plus fondamentaux du droit international et du sens moral. Quelque 1200 personnes ont trouvé la mort, parmi lesquelles beaucoup de jeunes assistant à un festival de musique, mais aussi des enfants, des femmes et des personnes âgées habitant diverses localités de la région; 251 personnes ont également été prises en otage, dont 97 sont encore détenues un an après. S’il est conscient de la longue histoire d’occupation et d’oppression qui a précédé ces événements, le COE a néanmoins condamné cette attaque contre des membres civils innocents de la population israélienne.

L’énormité de la guerre qu’Israël a ensuite menée à Gaza atteint des proportions choquantes et inacceptables. Elle a aggravé de manière exponentielle les violations et les souffrances infligées à des civil-e-s innocent-e-s: plus de 41 700 personnes ont été tuées (dont 16 000 enfants au moins) et près de 100 000 blessées; plus de 10 000 personnes ont disparu et sont présumées mortes sous les décombres, selon les autorités sanitaires de l’enclave. On compte également 1,9 million de personnes (90% de la population gazaouie) contraintes de fuir de chez elles, pour certaines à de nombreuses reprises, et près d’un demi-million d’individus confrontés à une insécurité alimentaire catastrophique. Quant aux infrastructures clés de Gaza, services médicaux et éducatifs, logements, économie, terres agricoles et flottilles de pêche, ils ont été en grande partie dévastés. Les hostilités israéliennes à Gaza ont rendu le territoire inhabitable, ce qui a donné lieu à des accusations de génocide jugées plausibles par la Cour internationale de Justice.

En outre, durant cette période, les attaques violentes et autres infractions commises par les colonies illégales et les forces de sécurité israéliennes dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, deux territoires occupés, ont considérablement augmenté. Des éléments extrémistes de la société israélienne ont notamment intensifié leurs menaces et leurs attaques contre les communautés chrétiennes, les membres du clergé, les Églises et les institutions chrétiennes, la plupart du temps en toute impunité.

La guerre menée à Gaza et les atteintes israéliennes à la souveraineté des États voisins ont massivement aggravé les tensions dans la région tout entière, entraînant une recrudescence des confrontations militaires sur différents fronts ainsi qu’une intensification des échanges de feux avec le Hezbollah au Liban, avec les Houthis au Yémen, et, pour la première fois, directement avec l’Iran. Par conséquent, le bilan des morts, des destructions et des personnes déplacées ne cesse de s’alourdir pour un nombre croissant de communautés de la région. Au Liban, les attaques israéliennes à Beyrouth, dans la Bekaa et dans le sud du pays auraient déjà fait plus de 2000 morts en deux semaines, et plus d’un million de personnes ont dû fuir de chez elles. L’incursion terrestre israélienne dans le sud du Liban et les attaques de missiles et autres hostilités entre l’Iran et Israël menacent à présent d’élargir encore le conflit, d’embraser tout le Moyen-Orient et d’aggraver les menaces qui pèsent déjà sur la paix et la stabilité mondiales.

Un an après les attaques du 7 octobre 2023, Israël et ses adversaires semblent enfermés dans une spirale de violence meurtrière qui s’accélère de jour en jour et qui risque de plonger la région tout entière dans un conflit insoluble qui aurait de lourdes répercussions sur le plan humanitaire et pour la sécurité de toutes les populations locales. Dans ce contexte, les menaces déjà graves qui pèsent sur la présence future des communautés chrétiennes autochtones en Terre Sainte atteignent un seuil critique.

S’il y a bien une leçon que nous enseigne l’histoire moderne du Moyen-Orient, c’est que les cycles répétés de conflit armé et d’occupation et d’oppression continuelles ne mènent pas à une paix durable. Ils ne font qu’exacerber l’antagonisme, la haine et l’extrémisme de tous côtés. La seule solution consiste à sortir de la spirale de la violence, à s’abstenir de causer plus de morts et de destructions, et à entamer un dialogue et des négociations en vue d’une paix fondée sur la justice et l’égalité des droits de toutes les personnes. Israël, l’Iran et toutes les parties au conflit doivent s’engager sans plus tarder à instaurer un cessez-le-feu sur tous les fronts. Le Hamas doit libérer tous les individus encore retenus en otage sans délai ni condition. Israël doit libérer les prisonniers politiques palestiniens, prendre rapidement des mesures pour mettre fin à l’occupation et à l’oppression du peuple palestinien sur les territoires qu’il occupe depuis 1967, et garantir l’égalité des droits de toutes les personnes habitant sur son territoire, sans distinction de race, de religion ou d’origine. Et tous les membres de la communauté internationale doivent cesser de perpétuer, par leur complicité, le conflit, l’occupation et l’oppression dans la région.

Autrement, un réel danger pèse actuellement sur l’existence et l’avenir de tous les peuples de la région, ainsi que sur la justice, la réconciliation et l’unité de notre monde fragile et fragmenté.

Aujourd’hui, le Conseil œcuménique des Églises appelle ses Églises membres, ses partenaires et toutes les personnes croyantes et de bonne volonté à prier et à œuvrer pour la paix en Terre Sainte, en solidarité avec tous les individus concernés et menacés par l’aggravation des violences dans la région. Il exhorte l’ensemble des personnes qui fournissent ou qui utilisent des armes de guerre à renoncer à la violence pour s’engager en faveur de la paix. Aujourd’hui, nous prions pour que le désir de paix et de justice l’emporte sur l’obsession continuelle pour la guerre et la violence.

«Heureux ceux qui font œuvre de paix: ils seront appelés fils de Dieu.» (Matthieu 5,9)

 

Pasteur Jerry Pillay 
Secrétaire général 
Conseil œcuménique des Églises