L’évêque Jonas Jonson, évêque émérite du diocèse de Strängnäs de l’Église de Suède, a donné le ton de la rencontre en décrivant la Conférence universelle du Christianisme pratique de manière très vivante.
«La famille royale, les ambassadeurs en tenue d’apparat, les ministres du gouvernement et les simples paroissiens et paroissiennes ont pris place tandis que des milliers de personnes se pressaient dans les rues pour avoir un aperçu de cet événement remarquable», a-t-il déclaré.
Quatre-vingts journalistes et photographes accrédités ont couvert chaque aspect de la rencontre.
«Qu’est-ce qui fait que l’on se souvient encore de ce qui s’est passé à Stockholm il y a 100 ans?»
L’Europe a vu des empires s’effondrer. «La Première Guerre mondiale a été une catastrophe primordiale qui a profondément transformé le monde sur le plan géopolitique, social et spirituel, a rappelé l’évêque. Cette guerre sans merci entre nations chrétiennes a changé à tout jamais l’histoire de l’humanité.»
Les délégué-e-s avaient pour mission de parler au nom de leurs Églises, les engageant ainsi dans le mouvement œcuménique.
«La participation engagée d’évêques orthodoxes a revêtu une importance particulière. Sans eux, la conférence n’aurait été qu’un événement confessionnel protestant de plus.»
Pour l’artisan visionnaire de la conférence de Stockholm, l’archevêque d’Uppsala, Nathan Söderblom, les Églises étaient toutes différentes, mais rien ne les empêchait de coopérer concrètement.
«Selon lui, les Églises étaient déjà unies dans l’Esprit, dans la mesure où elles étaient fondées en Jésus Christ. L’unité n’avait pas besoin d’être créée, mais plutôt d’être reconnue.»
Les personnes qui ont pu y participer se rappelaient l’ambiance amicale, créative et profondément spirituelle qui régnait à Stockholm, ainsi que le sentiment de communion chrétienne qui s’est imposé durant la conférence, transcendant les âpres antagonismes confessionnels et nationaux.
«Avec le christianisme pratique, l’éthique chrétienne est passée d’une préoccupation individuelle à une responsabilité collective. La conférence remettait ainsi en cause et le capitalisme sauvage et le mépris des socialistes pour les droits individuels.»
En examinant aujourd’hui la conférence de Stockholm et son contexte, les similitudes avec notre époque sont frappantes, a poursuivi Jonson. «Les délégué-e-s à Stockholm ont fait face aux réalités de leur temps, de manière véritablement prophétique dans certains cas. Sans illusions, ils et elles ont cherché à protéger une paix fragile en soutenant des institutions encore immatures, telles que la Cour permanente de justice internationale et la Société des Nations.»
Vingt-trois ans plus tard, en 1948, le Conseil œcuménique des Églises, fusion de Foi et constitution et du Christianisme pratique, était fondé durant sa première Assemblée à Amsterdam.
«Parmi les structures actuelles du Conseil œcuménique des Églises, la Commission des Églises pour les affaires internationales reste un héritage essentiel de Stockholm 1925. Des structures multilatérales fortes et contraignantes sont indispensables de nos jours.»
Jonas Jonson a également souligné que la Commission des Églises pour les affaires internationales du COE avait toujours pour obligation de consolider ces structures et de promouvoir le droit international.
«Le temps de la paix de Dieu, c’est maintenant», a-t-il conclu.

La Commission des Églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des Églises a tenu sa 60ᵉ session ainsi qu’une Conférence du centenaire de Christianisme pratique à Athènes (Grèce), du 18 au 22 mai 2025.
Toutefois, l’instauration d’une telle paix remet en question la force et jusqu’à la définition même du «droit international» contemporain, a indiqué le professeur Miltiadis Sarigiannidis, qui enseigne le droit international à l’université Aristote de Thessalonique, dans sa réponse au discours principal.
«Le droit international fait l’objet de références et d’interprétations quotidiennes de la part d’une grande variété d’utilisateurs et d’utilisatrices, a-t-il déclaré. Il convient de le distinguer de l’éthique qui, même si elle contribue raisonnablement aux valeurs du droit international, est une branche de la philosophie.»
Le professeur a également souligné que les solutions diplomatiques étaient une forme particulière de règlement des litiges sur la scène internationale qui ne pouvait être confiée à des régimes juridiques nationaux. «Au contraire, il est généralement interdit de se faire justice soi-même ou de se livrer à des représailles. Ce sont des exceptions dans les régimes juridiques nationaux, où les résolutions judiciaires et les règlements à l’amiable l’emportent.»
M. Sarigiannidis a reconnu que la question du respect des règles et des principes du droit international était régulièrement en butte aux critiques. «C’est là que se fait davantage sentir l’absence d’une autorité centrale dotée de pouvoirs de coercition efficaces, comme c’est le cas dans les régimes juridiques nationaux. De même, le rôle décisif et durable des États devient évident, en particulier lorsqu’ils choisissent d’ignorer le droit international.»
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Photos: La Conférence du centenaire de Christianisme pratique