Du centre nanti de Sandton aux rues historiques de Soweto, les pèlerin-e-s ont été invité-e-s au changement pour répondre à l’appel de justice et d’amour de Dieu.
Réuni-e-s devant la statue de Madiba sur la Place Nelson Mandela, les responsables se sont attardé-e-s sur la symbolique de «l’inaction des statues»: ou comment éviter le piège du confort et de l’inaction lorsque l’on est entouré de richesses, déconnecté des marginalisé-e-s. Le voyage en bus pour gagner Soweto a été placé sous le signe du Sankofa — revenir sur ses pas pour comprendre le passé, évaluer le présent et envisager un avenir ancré dans la justice.
Devant l’ancienne maison de Nelson Mandela, le groupe a réfléchi aux valeurs animant la lutte pour la dignité et la redevabilité. Toutes et tous sont convenu-e-s du péril d’être piégé-e-s dans des systèmes déshumanisants et ont renouvelé leur attachement à résister à ces forces.
Au Mémorial Hector Pietersen, commémorant non seulement sa mort, mais celle de centaines d’enfants et de jeunes tué-e-s lors des manifestations en Afrique du Sud lors de l’apartheid, les pèlerin-e-s se sont penché-e-s sur les problèmes de justice actuels ébranlant la jeunesse d’Afrique. Échos de l’appel biblique à défendre les vulnérables, les participant-e-s se sont interrogé-e-s sur les actions courageuses et non violentes appelées par Dieu pour le bien-être de son peuple.
Le groupe s’est ensuite rendu à l’Église évangélique luthérienne de Soweto où les terribles événements de 1976 lui ont rappelé l’importance, toujours bien présente, de négocier avec les puissances qui menacent l’humanité et a renouvelé son attachement à un militantisme chrétien stratégique et non violent.
L’évêque Nkosinathi Myaka, évêque président de l’Église évangélique luthérienne en Afrique australe, a accueilli les participant-e-s lors d’un culte commémoratif à l’église de l’évêque Manas Buthelezi, figure de proue de la théologie contextuelle et noire, qui a soutenu que la théologie devait aborder le vécu des opprimé-e-s.
Dans son homélie, Mme Thandi Gamedze a souligné que le Document Kairos décrit la théologie «non pas comme une chose, mais comme un lieu de lutte», une «théologie née des vies au bord du précipice.» Elle a poussé l’Église à s’interroger sur «la complicité de la Bible, de notre théologie, de notre Église dans la violence.» Elle a rappelé à l’assemblée que Dieu est un Dieu de justice, qui appelle à être présent-e quand les jeunes souffrent de pauvreté, de chômage et d’inégalités, pour que toutes et tous puissent vivre des vies dignes du sacrifice de 1976.
Mme Gamedze a ensuite lu son poème «Ce jour-là» pour rappeler aux fidèles que l’œuvre de justice est essentielle, car:
«Nous ne nous battons pas pour le plaisir de nous battre, mais pour qu’un jour il ne faille plus se battre.
Car la lumière aura enfin triomphé de l’obscurité.»