Qu’est-ce qui vous a incitée à devenir une ambassadrice des Jeudis en noir?
Pasteure Hyde-Riley: Je suis vraiment fière d’être une ambassadrice de la lutte contre les violences liées au genre. À mes yeux, c’est un problème extrêmement préoccupant, parce que ce sont des violences très répandues et très destructrices.
Les violences liées au genre peuvent toucher n’importe qui, sans distinction de pays, de race, de sexe, de religion ou de position sociale. Tout le monde peut subir des violences liées au genre. Et nous savons que des personnes du monde entier en sont victimes, en particulier les femmes et les filles.
Les violences liées au genre nient la dignité humaine et bafouent notre humanité. On ne devrait pas tolérer des actes qui nient notre dignité et notre humanité. Ces violences ont des conséquences sur la santé physique et mentale. Tant de personnes se retrouvent complètement dévastées, détruites, à la suite des violences subies. Et celles-ci ont des conséquences sur notre productivité. Très souvent, les personnes concernées doivent s’absenter de leur travail; elles sont incapables de se concentrer correctement en raison du préjudice émotionnel, mental et physique qu’elles ont subi.
Nous savons que les violences liées au genre limitent aussi les choix. Les personnes concernées se trouvent parfois dans des situations dans lesquelles elles sont incapables de prendre des décisions élémentaires pour un être humain. Et, malheureusement, elles préfèrent souvent ne pas en parler, parce que lorsque les victimes se manifestent, elles sont à nouveau malmenées. Il s’agit donc vraiment d’un acte très destructeur commis contre elles.
Comment peut-on venir à bout des violences liées au genre?
Pasteure Hyde-Riley: Pour venir à bout des violences liées au genre, il faut que tout le monde s’implique. Il nous faut examiner notre conception du pouvoir et l’usage qu’on en fait, car très souvent le pouvoir est considéré comme un pouvoir sur quelqu’un d’autre. Nous exerçons notre pouvoir sur les autres de manière très destructrice. Je pense qu’il faut également reconnaître que les violences liées au genre sont très structurées de nos jours. C’est pourquoi nous devons réexaminer les institutions qui s’attachent à justifier et à entériner ce type de comportement. Nous devons aussi nous intéresser à la culture du silence.
Les violences liées au genre ne sont pas un problème personnel ou privé. Mais comme nous donnons souvent l’impression que c’est le cas, les gens vont avoir tendance à ne pas en parler, parce qu’ils croient aussi parfois qu’ils ne recevront pas l’aide dont ils ont besoin s’ils en parlent.
Nous devons aussi mener davantage d’activités de plaidoyer. Il faut que plus de monde se mobilise, que plus de monde dise «ça suffit!». De plus, nous devons créer davantage d’espaces protégés où les personnes concernées pourront parler de ce qu’elles subissent, et simplement être et devenir elles-mêmes. Enfin, je dirais qu’il faudrait que plus de monde donne l’exemple de l’amour et des enseignements de Jésus Christ, que plus de monde devrait incarner le Christ dans chacun de ses gestes et attitudes. Je crois que cela nous aiderait beaucoup à venir à bout de ce problème majeur.
Comment les Jeudis en noir en noir peuvent-ils contribuer à résoudre le problème?
Pasteure Hyde-Riley: La campagne des Jeudis en noir offre selon moi beaucoup de possibilités. D’une part, nous pouvons sensibiliser les esprits. Nous pouvons contribuer à éduquer nos semblables. C’est ce que je fais maintenant; j’espère sensibiliser les gens. Nous pouvons donner de la visibilité à ce problème. Ainsi, il y aura de plus en plus de gens qui sauront que c’est un problème qui ne relève pas seulement de la sphère privée. Et je pense qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact d’une action collective d’envergure internationale. Le fait qu’un grand nombre de personnes de différents pays du monde se rassemblent pour dire que ça suffit et qu’il faut que les violences liées au genre cessent, c’est un acte fort. C’est pour ça que je crois que cette campagne peut avoir un impact considérable sur le problème, et améliorer la vie des myriades de personnes concernées.
En tant qu’ambassadrice des Jeudis en noir, j’espère sincèrement pouvoir sensibiliser les esprits à ce problème, inciter à résister aux violences liées au genre, et encourager des actions positives transformatrices, des actions positives qui ont un pouvoir libérateur et qui contribuent en définitive à faire reculer et disparaître les violences liées au genre. Nous avons l’espoir que grâce à notre effort collectif, elles finiront un beau jour par ne plus exister. C’est pourquoi nous vous invitons à vous joindre à nous pour faire évoluer les attitudes et les pratiques, afin que chaque personne humaine, où qu’elle se trouve, se sente en sécurité et respectée. Nous aimerions que tout le monde, membres de nos Églises ou non, participe à cette campagne.
En savoir plus sur les Jeudis en noir
Une communauté juste pour les femmes et pour les hommes