Le pasteur Gary Harriott sait que la violence faite aux femmes et aux filles constitue un problème en Jamaïque. Chaque année, des centaines de femmes portent plainte pour viol, et de nombreux autres viols et agressions ne sont pas déclarés. Les Églises peuvent changer les choses en dénonçant ces actes, affirme-t-il.
«En Jamaïque, la population continue à faire confiance aux Églises, et celles-ci montrent encore la voie à suivre. Les paroisses occupent une position stratégique dans les communautés. Nous rencontrons chaque semaine plus d’adultes et d’enfants que n’importe quelle autre institution, souligne le pasteur Harriott. Nous voulons que la société se mobilise pour mettre fin à la violence, en particulier à celle faite aux femmes et aux filles.»
La campagne baptisée les Jeudis en noir, soutenue par le Conseil œcuménique des Églises (COE), apporte une impulsion bienvenue aux efforts menés par les Églises de Jamaïque pour mettre un terme à la violence. Cette campagne invite les participants à porter des vêtements noirs et un badge le jeudi pour montrer qu’ils font partie du mouvement mondial de résistance contre les attitudes et les pratiques autorisant le viol et la violence. L’objectif est d’inciter les femmes et les hommes à agir pour modifier les conditions qui conduisent aux agressions.
Le pasteur Harriott, conseiller auprès du Comité central du COE et ministre de l’Église unie de la Jamaïque et des îles Caïmans, est également secrétaire général du Conseil des Églises de la Jamaïque, une organisation œcuménique qui regroupe 11 Églises chrétiennes dans le pays. Il a fait part de ses commentaires lors d’une interview avec le COE réalisée à Kingston (Jamaïque).
Le Conseil des Églises de la Jamaïque participe à la campagne des Jeudis en noir depuis 2017.
«Nous sommes déterminés à développer cette campagne, affirme M. Harriott. Nous voulons que tout le monde en ait entendu parler. Nous avons organisé une manifestation publique à Kingston, en présence de représentants politiques. Nous sommes actifs sur les réseaux sociaux. À présent, nous voulons diffuser le message dans les écoles et les médias audiovisuels.»
Le pasteur est convaincu que les Églises ont un rôle unique à jouer dans la réponse aux cas d’agression sexuelle et de violence sexiste, et peuvent proposer une plate-forme de guérison.
«Le viol est une expérience traumatisante et difficile sur le plan émotionnel. Des femmes ont été violées en revenant de l’Église. Pour elles, cela soulève des questions sur "ce Dieu que je sers et ces événements négatifs que je subis", explique le pasteur. Le Conseil des Églises de la Jamaïque propose un accompagnement pastoral aux victimes dans certains cas, et un appui aux pasteurs sur le terrain qui s’occupent de cet accompagnement.»
Les Jeudis en noir sont nés lors de la Décennie œcuménique des Églises solidaires des femmes (1988-1998) durant laquelle les récits de viols comme arme de guerre, d'injustices entre les sexes, d'abus, de violences et de tragédies liées à ces violences sont devenus visibles.
La campagne des Jeudis en noir relance les efforts pour en finir avec le viol et la violence