Le président de la Commission, le Pasteur Michael Blair, a fait observer que la puissance et l’énergie émanaient de la première réunion. «Le contexte et le cadre de ce rassemblement ont permis de vivre les contours et la texture du thème “Procurer un chemin: la mission contre-créatrice”», a-t-il déclaré. «Il était important que cette réunion ait lieu sur le continent africain et en particulier au Kenya, pays voisin de la Tanzanie, car cela permettait d’établir un lien avec la Conférence d’Arusha de 2018 et les appels qui en sont ressortis, car il s’agira d’un élément clé des travaux de la Commission».
Blair a souligné que les manifestations en cours au Kenya étaient un exemple vivant de contre-création et illustraient une approche stratégique et ciblée pour traiter les injustices engendrées par la corruption politique et la pauvreté.
«Travailler en collaboration avec d’autres commissions, d’autres domaines programmatiques du COE et des agences missionnaires a permis de mobiliser l’imagination en faveur de l’œuvre contre-créatrice; beaucoup d’idées ont été partagées sur les possibilités d’action ensemble, c’est passionnant», a affirmé Blair. «La commission a identifié différents espaces à explorer davantage dans lesquels une collaboration est possible.»
Il a également souligné le 25e anniversaire du Réseau œcuménique de défense des personnes handicapées du COE. «C’est un don tandis que nous continuons à œuvrer à un monde où chacune et chacun sont apprécié-e-s, honoré-e-s et ont leur place», a-t-il indiqué. «L’établissement de la communauté a été l’un des temps forts de la réunion.»
Le Pasteur Peter Cruchley, directeur de la commission, s’est réjoui de l’énergie, de l’engagement et de la créativité. «Nous attendions et espérions ce moment et il a dépassé ce que nous attendions, ce que nous espérions», a-t-il fait remarquer.
Aperçu de la réunion
La commission s’est réunie du 5 au 11 juillet au siège de la Conférence des Églises de toute l’Afrique, à Nairobi. Les participant-e-s, y compris les théologien-ne-s, les responsables d’institutions ecclésiales, les intellectuel-le-s religieux et les responsables d’Église, entre autres, ont centré leurs échanges sur des enjeux tels que le colonialisme, la décolonisation, les réparations et la restauration dans le contexte de la mission et de l’évangélisation.
Plus tôt, le 6 juillet, les participant-e-s ont pris part à une cérémonie de reconnaissance de terre, au cours de laquelle la communauté autochtone Maasai a été reconnue propriétaire traditionnelle de la terre à Nairobi. Cette invocation symbolique a permis d’honorer et de bénir les propriétaires traditionnels de la terre où s’est rassemblée la commission.
Vision biblique
Cruchley a indiqué que la commission s’est réunie pour façonner un idéal de transformation de la vie de disciple, conformément à l’appel de la Conférence mondiale sur la mission et l’évangélisation à Arusha, en vue de réfléchir à des pistes pour décoloniser la mission.
«Par conséquent, nous travaillons sur le sens de la dé-colonialité, mais pas en des termes politiques; nous nous concentrons plutôt sur un idéal biblique d’un nouveau monde enraciné en Christ, et sur ses implications en pratique. Selon moi, il s’agit du fil conducteur de notre époque...» a souligné Cruchley.
Trois groupes de travail
Lors de cette première réunion de la commission, la pasteure Kuzipa Nalwamba, directrice du programme du COE pour l’Unité, la mission et la formation œcuménique, a expliqué que trois groupes de travail avaient été constitués.
«Dans l’ensemble, tout s’est bien passé», a-t-elle indiqué. «Ainsi, je crois que nous avons fait le nécessaire pour mettre sur pied une communauté de personnes qui vont générer les contenus et nous avons également défini le plan de travail.»
Un groupe sur la mission et la justice réparatrice se concentrera sur l’approfondissement de la théologie de la mission œcuménique comme force réparatrice contre la colonisation et la marginalisation. Un groupe sur les spiritualités et les pratiques se concentrera sur la transformation des communautés et leur sagesse, ce qui refaçonne les pratiques missionnaires. Un troisième groupe, axé sur l’évangélisation, se demandera comment, dans la pratique, l’évangélisation peut apporter de l’espérance en ces temps de crise et de difficultés.
Le pasteur Fidon Mwombeki, secrétaire général de la Conférence des Églises de toute l’Afrique, a dit qu’il se félicitait de cette phase conceptuelle et qu’il réfléchissait désormais à la contribution de l’Afrique à la compréhension et à la mission.
«L’Afrique a beaucoup à apporter à la mission, aux efforts pour proclamer et préserver la foi chrétienne, ce sur quoi je vais continuer à insister», a-t-il précisé.
Plus tôt, le pasteur Ezekiel Lesmore, directeur des programmes de la Conférence des Églises de toute l’Afrique, a annoncé à l’assemblée que la mission africaine devait promouvoir le soin de la création, la justice écologique et économique, l’instauration de la paix, la justice de genre, la bonne gouvernance, la prévention des conflits, la médiation en cas de conflits et l’approfondissement de la culture démocratique.
«Voilà qui doit pousser l’Église, enthousiaste, à affronter les systèmes et les structures qui empêchent toutes et tous de jouir de la plénitude de la vie», a soutenu Lesmore.
Le christianisme connaît la plus grande progression en Afrique, mais, aux yeux de Mwombeki, si les Églises traditionnellement établies affichent une croissance organique, elles ont été absentes de l’espace public.
«À la radio, à la télévision, sur l’Internet, sur Twitter et sur YouTube, nous entendons toutes ces théologies, mais les Églises établies n’agissent pas en réalité. Nous disons qu’il faut faire attention», a-t-il ajouté. «Nous devons agir et nous parlons de contre-création. Nous devrions préparer la technologie adéquate et investir l’espace public.»
Après une réunion à proximité de la vallée du Rift, le berceau de l’humanité, et en Afrique, la commission se réunira en Jamaïque en 2026.