Approfondissant le thème «Qu’est-ce que la vérité? Implications éthiques et pratiques de l’utilisation de l’intelligence artificielle», la conférence a rassemblé une trentaine de responsables de la communication et de professionnel-le-s des médias d’Églises et d’organisations liées aux Églises d’Allemagne, de Suisse, de Finlande, de Suède, de Belgique, de Pologne, de Grèce, de France et du Royaume-Uni.
Organisée par le Conseil œcuménique des Églises, la conférence s’est déroulée à l’Institut œcuménique de Bossey et a permis aux personnes participantes d’entendre les messages d’organisations œcuméniques et internationales de Genève. Au cours des trois jours de conférence, les personnes participantes se sont informées sur les différentes facettes de l’IA grâce aux intervenant-e-s de marque et en échangeant entre elles, en partageant leurs expériences et en faisant du réseautage.
George Zarkadakis, auteur et figure de proue à l’international de la réflexion sur l’impact de l’IA sur la société, démontre dans son intervention intitulée «Des dieux, des robots et la théorie de l’esprit» de quelle manière l’IA diffère de tout ce que les humain-e-s ont créé jusqu’à présent. Il retrace la quête de l’être humain pour des machines pensantes de ses origines préhistoriques jusqu’à l’ère moderne et défend qu’elle est plus ancrée et profonde que le simple utilitarisme. «L’IA est une technologie qui peut refaçonner notre espèce en une métaespèce qui transcende les frontières physiques», déclare M. Zarkadakis. «En substance, cela implique que les êtres humains acquièrent des fonctionnalités et des capacités dignes d’un dieu».
Holger Sievert, professeur en gestion des médias sur le campus de Cologne de l’Université Macromedia, s’est exprimé sur le thème: «L’intelligence artificielle en tant que (non-)sujet de deux grandes Églises européennes» et a présenté les conclusions empiriques d’une étude impliquant près de 1 500 employé-e-s des Églises de même que ses observations et recommandations. «La numérisation de l’Église est un prérequis pour que celle-ci puisse utiliser l’IA», précise M. Sievert, rappelant que les Églises accusent un retard de 10 à 15 ans en matière d’utilisation des technologies par rapport aux entreprises.
Christine Ulrich, journaliste et éthicienne des médias, s’est exprimée sur la quête de vérité du journalisme face aux enjeux politiques et techniques. Compte tenu de la complexité politique et technologique du monde actuel, le journalisme s’est toujours échiné à comprendre et à transmettre la vérité. «Mais comment continuer à rendre compte des faits en toute loyauté lorsque tout peut être faux, lorsque tout peut être détourné à des fins politiques?», questionne Mme Ulrich, ajoutant que le journalisme professionnel et de qualité cherche toujours la vérité, ce qui le distingue de la propagande.
Hovig Etyemezian, responsable de l’Innovation Service de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), est revenu sur l’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’innovation au service des activités du HCR auprès des réfugié-e-s à travers le monde, notamment pour prédire les déplacements de populations. «C’est un travail lancé en 2016, explique-t-il. Évidemment, l’IA de l’époque n’est pas l’IA d’aujourd’hui. Nous pouvons utiliser l’IA pour alerter les populations en cas de catastrophes naturelles».
L’Innovation Service, lancé en 2012 au sein de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, identifie actuellement trois applications principales de l’intelligence artificielle: une meilleure préparation aux urgences, une meilleure compréhension des besoins des réfugié-e-s et des services améliorés aux réfugié-e-s. Pour chacune de ces applications, M. Etyemezian donne plusieurs exemples de projets du HCR.
Erin Green, responsable de la communication et spécialiste de l’IA avec de l’expérience dans le secteur à but non lucratif et académique, a proposé une séance pratique sur les transformeurs génératifs préentraînés (GPT, sigle anglais). Les participant-e-s ont appris à tirer parti de l’IA personnalisée pour décupler leurs efforts de plaidoyer et calquer leurs activités de sensibilisation sur les avancées numériques.
À cette occasion, les personnes participantes ont visité le CERN, un centre de recherche européen en physique des particules et l’un des principaux laboratoires de recherche scientifique au monde. Pour les participant-e-s, l’un des temps forts de leur visite du Portail de la science du CERN fut l’observation du premier serveur internet, à l’origine de l’invention du World Wide Web au CERN en 1989.
Guidé par le pasteur Odair Pedroso Mateus, ancien secrétaire général adjoint du COE, le groupe a également découvert les hauts lieux de Genève qui illustrent le rôle de la ville dans la Réforme et le mouvement œcuménique.
La Conférence européenne de l’internet chrétien (ECIC) a vu le jour il y a plus de 20 ans et rassemble une pluralité de professionnel-le-s du monde numérique, des pasteur-e-s connecté-e-s aux stratégistes numériques en passant par des créateurs et créatrices de contenu et des gestionnaires du web et des médias sociaux, et plus encore, qui représentent un large spectre d’Églises et d’organisations chrétiennes reflétant les différentes expressions du christianisme sur le continent.
Photos de l’ECIC 2024 à Bossey
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